Il est fascinant de voir que l’homme est capable de déployer des moyens considérables pour conquérir l’espace, alors qu'il n'a pas encore conquis sa propre conscience. Si en cent ans, le progrès technologique a connu un bond fulgurant, on ne peut pas dire que la conscience humaine ait bondi aussi loin. L’existence-même de la guerre - ou plutôt sa persistance - en est une preuve. Si l’homme était évolué dans sa conscience et que sa vibration était suffisamment élevée, la guerre, tout comme la famine et la pauvreté, auraient cessé d’exister. Il en est ainsi de l’homme de l’involution, soumis à la conscience planétaire et aux influences astrales. Son ego est certes perfectionné, mais sa conscience n’est pas individualisée et c’est précisément ce qui a retardé son évolution, jusqu’à aujourd’hui. L’individualisation de la conscience est l'un des nombreux aspects du processus de transformation. Elle mérite que l’on s’y attarde.
Tout d’abord, il faut rappeler que le processus de transformation intérieure est un phénomène vibratoire qui correspond à la descente de la lumière dans l’homme(1). Ce processus touche la conscience et impacte tous les plans de l’être, physique, émotionnel et mental. L’être se voit peu à peu dépouillé de sa mémoire subjective, mais aussi de tout ce qui, par le passé, lui assurait une sécurité psychologique, comme l’appartenance à une famille ou à une communauté, avec des conventions et des caractéristiques identitaires. Au cours de ce processus, sa conscience s’individualise progressivement. Durant cette transition plus ou moins longue, l’ego subit une transformation en profondeur et une déconstruction en continu, jusqu’à ce qu’il devienne suffisamment transparent pour canaliser parfaitement l’énergie créative de son esprit. Le phénomène d’individualisation n’est pas sans douleur pour l’ego, car il fait littéralement éclater tous les attachements et les anciens repères qui formaient auparavant ses assises psychologiques. Au-delà de ces éclatements successifs, le corps vit, lui aussi, une transformation en profondeur. Le changement vibratoire est tel que toutes les charges karmiques et transgénérationnelles sont libérées et transmutées, de sorte qu’elles ne puissent plus faire obstruction au mouvement de l’énergie. Tout au long du processus, l’être subit ainsi les assauts répétés de la lumière en lui, son système nerveux devant encaisser et absorber une énergie de haute intensité, jusqu’à la fusion totale de l’ego, de l’âme et de l’esprit. Il ne faut pas se voiler la face : le processus de transformation n’est pas une promenade de santé. Il est loin de ressembler à l’image d’épinal que l’ego se fait de l’éveil spirituel. Le processus est vibratoire, exigeant, éprouvant, mais pour l’être conscient de lui-même, il est largement préférable à son ancienne vie et à tout ce qu’il a pu expérimenter auparavant sur terre.
Cependant, lorsque le processus est suffisamment avancé, le chemin s’aplanit soudain comme par magie. La vie matérielle est facilitée et toutes choses s’agencent de façon harmonieuse, comme si les forces de vie s’alignaient et se mettaient elles aussi au service de l’esprit. Je parle depuis ma propre expérience.
La conscience planétaire
La conscience planétaire est ce qui sous-tend la conscience ordinaire de tout être incarné sur terre, soumis à la loi karmique. L’homme planétaire a besoin de s’agréger à une nation, de s’affilier à un groupe ou à une communauté, pour s’assurer une sécurité dans le mental. En réalité, il se fait constamment absorbé et manipulé par les forces astrales qui sont le ciment de la conscience planétaire. Pour vous représenter celle-ci, je vous propose de visualiser des Matriochkas, ces poupées russes qui s’emboîtent les unes dans les autres. La plus petite représente la cellule familiale, avec son histoire, ses conventions, ses lignées ancestrales. La deuxième, qui englobe la première, représente l’identité régionale. Un Breton se sent breton avant de se sentir français ; il en est de même pour un Corse. La troisième représente la religion, avec ses dogmes, ses rites et ses croyances ; la suivante représente la nation, son histoire et son karma, etc. Lorsque vous êtes soumis à la conscience planétaire, nous pourrions dire vous vous trouvez dans la plus petite de ces poupées et que vous supportez le poids de toutes les autres. Toutes ces charges et toutes ces caractéristiques identitaires se surimposent dans votre mental et occultent votre identité réelle. Or l’être qui s’individualise ne peut plus se soumettre aux lois planétaires ou à toute convention extérieure à lui-même. Il ne souffre donc plus des ingérences multiples au sein de sa propre conscience et qui conditionnaient auparavant sa façon d’être, de penser et d’agir. Il est capable, face à ses proches ou même des milliers de personnes qui pensent la même chose, de penser différemment.
Il est capable de supporter ce qu’il sait, même si ce n’est pas aligné avec ce que pensent les autres, et sans que sa confiance en lui ne soit ébranlée. Le collectif a cessé d’exercer son emprise sur l’individu. Le nombre a cessé de l’emporter sur le un, unique et indivisible.
Un des aspects du phénomène d’individualisation est qu’il redéfinit en totalité les rapports avec l’environnement extérieur, celui-ci ne pouvant plus remplir les besoins de l’ego en fusion. Le sentiment d’appartenir à une famille ou à une communauté, autrefois sécurisant, perd ainsi progressivement de son attrait et de sa substance. L’être est amené à vivre la solitude, une solitude pleine et non vide, et qui lui permet de ne plus subir d’interférences dans son mental, mais aussi de renforcer le lien étroit avec son esprit. Si la communauté rassemble des êtres autour d’intérêts communs, à un certain niveau, elle englobe et absorbe l’individu sous des conventions identitaires, celui-ci devant se conformer à ses principes. Or dans la plupart des peuples, cette identité communautaire prévaut sur l’individu lui-même, le maintenant à l’intérieur d’un cadre qui le pousse à penser et à se comporter d’une certaine manière. Mais encore une fois, l’être qui s’individualise ne peut plus répondre à des conventions extérieures qui le confinent dans des rôles pré-établis. Il ne peut plus se réduire à un ensemble de caractéristiques identitaires qui relèvent de la conscience planétaire… et de toutes ces Matriochkas emboîtées les unes dans les autres. En d’autres termes : il ne rentre plus dans les cases. Il n’essaie même plus lui-même d’y rentrer, car il ne peut simplement plus obéir aux injonctions astrales qui le maintenaient auparavant dans l’enclos étroit de la conscience planétaire. Ne pouvant plus se conformer, l’être va devoir s’opposer à toutes les formes qui fondaient son ancienne identité, avec parfois une forme de radicalité contre laquelle il ne peut rien, celle-ci étant imposée par le mouvement de l’énergie en lui. Ce mouvement est si ravageur qu’au fur et à mesure des ajustements, la vie pourra lui sembler parfois dénuée de sens et sans saveur. Vouloir qu’elle s’arrête paraîtra même acceptable aux yeux de l’ego en pleine déconfiture. En réalité, ce n’est pas tant la vie qui perd de son attrait, mais plutôt ses anciennes conditions de vie, devenues inaptes à combler ses nouveaux besoins.
Or l’emprise de l’identité communautaire est très puissante. Citons trois exemples : dans les pays arabes, le mot ben et son féminin bint signifient “fils de“, "fille de", ou encore "descendant de". Lorsque ce mot est suivi du nom du père, il indique ainsi la filiation ou l'appartenance à une tribu, pouvant remonter jusqu'à huit ou dix générations. Je vous laisse imaginer à quel point l’empreinte familiale s'enracine dans les lignées, l'être se retrouvant littéralement ligoté au tronc de son arbre généalogique. Maintenant, déplaçons-nous plus à l’est, vers le Japon… Le peuple japonais voue un culte et une loyauté sans faille aux ancêtres, jusqu’à la dévotion et au sacrifice. Ici encore, l’empreinte transgénérationnelle est si profondément incrustée, qu’elle est devenue une véritable chape de plomb pour ce peuple. Et lorsque les besoins fondamentaux de l’individu sont niés au profit de conventions communautaires, la dépression n’est pas loin. Ceci éclaire un peu la souffrance du peuple japonais qui connaît un vieillissement rapide, avec un taux de natalité parmi les plus bas du monde, comme si toutes les rivières ancestrales devaient être asséchées et épurées. Et enfin, arrêtons-nous sur le continent américain. Si la société américaine prône la liberté d’expression et une forme d’individualisme, elle est paradoxalement fortement structurée en groupes ethniques, culturels, religieux et sexuels qui revendiquent tous une identité communautaire distincte. Individualiste en apparence, le peuple américain est, lui aussi, assujetti à la conscience planétaire.
COMPRENDRE LE PRINCIPE D'OPPOSITION
S’individualiser dans sa conscience signifie s’opposer à toutes les formes qui conditionnent l’être et entravent le mouvement de son énergie. S’opposer signifie cesser de se plier aux conventions quelqu’elles soient : familiales, culturelles, religieuses, raciales ou autre. Or l’être qui vit le contact avec son esprit n’a pas d’autre choix que de faire éclater toutes ces formes en lui, jusqu’au concept de dieu lui-même. Par conséquent, pour s’affranchir du karma familial, il va devoir s’opposer en premier lieu à sa famille. Il va devoir s’opposer aux traditions culturelles, philosophiques ou religieuses de son milieu d’origine, pour entrer dans l’énergie de son propre esprit. Il va devoir s’opposer à ce que pensent les autres - et en particulier son entourage - pour entrer dans ce que lui seul sait. En d’autres termes, il va devoir s’opposer à la loi du nombre pour s’unifier à son propre esprit. Prenons un exemple. En fin d’année se tient le repas familial traditionnel où tous vos proches sont réunis. C’est un moment important mais que vous ne supportez pas pour des raisons qui vous appartiennent. Vous ne vous sentez pas à votre aise et pourtant, vous n’avez jamais manqué un seul repas. Dans ce cas de figure, s’opposer signifie pour vous, oser dire : je ne viens pas. Or vous savez pertinemment que cette simple phrase va déclencher un séisme dans votre famille et provoquer du jugement, de l’incompréhension, de la colère ou même de la tristesse. On va vous demander des explications. Vous allez probablement vous sentir mal parce que naturellement, vous ne voulez pas vous justifier ou blesser qui que ce soit. Si vous parvenez à vous opposer, vous transgressez la loi du clan et faites éclater son emprise sur vous. Dans le même temps, vous allez vous rendre libre et ouvrir la porte de votre conscience individualisée. Voilà ce que signifie s'opposer. Les personnes que j’accompagne et qui écoutent les Baumes sonores vivent régulièrement de telles situations, mais elles ressentent en elles une force et une assurance grandissantes qui leur permettent de s’affirmer avec clarté et justesse, tout en vérifiant par la même occasion leur niveau de centricité(2). Autrement dit, dans ce processus de transformation, l’énergie vous soutient en permanence. Cependant, si la centricité ne conduit pas à l’egocentricité, l’individualisation ne mène pas davantage à un individualisme pur et dur. L’ego individualiste n’est pas inclusif : il s’exclut lui-même ou bien il exclut les autres. L’être individualisé en revanche n’exclut personne, mais il n’a plus besoin de support extérieur pour se donner une assise dans son mental et dans son existence.
Ce principe d’opposition, à travers les situations que la vie vous présente, est absolument nécessaire : il constitue le caractère inévitable de toute conscience qui s’individualise.
L'OMBRE DE LA SÉPARATION ORIGINELLE
Pour bien comprendre le phénomène d’individualisation, il nous faut remonter le temps et revenir sur le plan de la Source. À ce stade et avant votre première incarnation, vous n’étiez que pure conscience-énergie et ne faisiez qu’un avec la lumière. Mais dans cet état de fusion totale, vous n’aviez aucune conscience de qui vous êtes. Or il y a une constante dans l’univers et la Création qui est l’évolution : la lumière se déploie constamment sous une infinité de formes, de dimensions et de vies. Le mouvement peut être lent ou bien rapide, mais rien n’est jamais figé, statique ou inerte. Vous pouvez vous représenter ce mouvement comme une impulsion, une pulsation, comme le battement de cœur qui insuffle la vie et propulse le sang dans votre corps. C’est à la suite d’une telle pulsation que la Source a expulsé des parts d’elle-même, comme le soleil projette dans le cosmos des masses d’énergie solaire. Nous pourrions appeler ce mouvement l’individualisation primordiale ; celle-ci va conduire à une première incarnation dans un corps matériel, suivie de bien d’autres. Si l'on observe la vie intra-utérine et jusqu’à la naissance du bébé, nous pouvons y voir une réplique de ce passage de la fusion à la dé-fusion. À l’image de cette pulsation et de cette impulsion originelle, le bébé est expulsé du ventre maternel : le UN est devenu DEUX. L’être qui s’incarne revit ainsi l’ombre de la séparation originelle. Puis l’enfant va grandir et devenir un adulte ; mais avant cela, l’adolescent, lui aussi, va devoir s’opposer à ses parents pour s’individualiser et se forger sa propre identité - une identité subjective bien sûr, et qui répond au besoin de son ego planétaire et de son programme d’incarnation. Ici encore, le principe d’opposition est une nécessité pour que l’adolescent devienne un être autonome, capable de voler de ses propres ailes.
Cependant, même s’il a quitté le nid familial, sa conscience n’est pas individualisée. Son ego reste assujetti à la mémoire de l’âme et à la conscience planétaire, jusqu’à ce que son esprit le rappelle à lui.
De l'homme planétaire à l'Homme universel
L’homme est souvent décrit comme un animal social, ce qui suppose que hors de toute société, il n’a pas d’existence ou d’identité propre. Mais c’est oublier que l’homme possède une dimension universelle et pour cette raison, il ne peut être réduit à une fonction sociale. Il s’agit donc d’une forme mentale qui a été conçue pour maintenir l’ordre social et garder l’homme sous contrôle. Cette croyance est encore si puissante aujourd’hui que l’homme craint d’exister en dehors de toute communauté quelqu’elle soit. Il craint d’exister par lui-même et plus que tout, il craint d’être seul dans sa conscience. Mais l’être qui s’individualise et qui vit le contact avec son esprit, sait qu'il n’est pas seul et qu'il ne l’a jamais été.
L’individualisation de la conscience est un aspect fondamental du processus de transformation. Elle actualise en profondeur tous les liens et les attachements que l’homme entretient avec son entourage et le monde extérieur. Elle fait éclater toutes les anciennes formes, qui ne peuvent plus représenter les fondations de sa nouvelle conscience. Ces formes apparaissent dès lors comme de vieilles béquilles usagées, qui ont joué un rôle de support durant l’involution, pour donner à son ego une sécurité psychologique. L’homme planétaire n’était pas encore en capacité de marcher seul et d’entrer dans l’absolu de sa conscience. La plus grande difficulté n’est pas, comme on pourrait le croire, de s’affranchir de l’emprise des forces astrales sur la conscience, mais de lâcher le besoin de sécurité de l’ego, pour pénétrer dans le vide de sa conscience. Et pour cela, il faut des pionniers, des êtres capables de dépasser leurs peurs, de braver leur insécurité, pour traverser ce processus dans son intégralité. Il faut des êtres qui savent en eux-mêmes que si l’homme est mortel et limité dans son corps, il est immortel et illimité dans sa conscience.
La conscience planétaire représente la domination des forces astrales sur l’homme. La conscience individualisée proclame la suprématie de l’Homme sur lui-même. Elle est ainsi la marche qui mène l’homme planétaire à l’Homme universel.